BEAUTIFUL BOY (2018) – FÉLIX VAN GROENINGEN

Pour notre premier ciné-club du vendredi, c’est le 6e film du réalisateur belge Félix Van Groeningen, et premier en anglais, qui a été choisi. Ce drame est une adaptation du roman Beautiful boy : A father’s journey through his son’s addiction (2008) de David Sheff, Van Groeningen co-signe le scénario avec Luke Davies. C’est l’histoire d’un père qui découvre la dangereuse addiction à la drogue de son fils et tente par tous les moyens de le ramener sur le droit chemin.

Timothée Chalamet impressionne dans le rôle de Nicolas Sheff qui joue une grande palette d’émotions allant du bon garçon, fils à papa qui prend soin de son frère et sa sœur, au junkie sur un bad trip d’héroïne. Il a d’ailleurs décroché une nomination aux Golden Globes pour meilleur acteur de soutien. Steve Carell prouve une fois de plus qu’il est capable de se dissocier de Michael Scott (The Office) en interprétant David Sheff, un père attentionné et très inquiet des choix de son fils, prêt à tout pour le libérer de sa dépendance. Maura Tierney et Amy Ryan complètent la distribution dans les rôles respectifs de la belle-mère et la mère de Nicholas, mais elles restent dans l’arrière-plan de l’histoire.

Beautiful boy cherche à faire pleurer le spectateur par son approche mélodramatique, ce qui est très effectif chez un certain public parce que tout est crédible et bien joué, c’est une histoire vraie après tout. Je reproche au scénario une certaine redondance, les scènes se suivent et se ressemblent lorsqu’on arrive à mi-chemin dans le film, on passe d’une rechute dans la drogue à une cure de désintoxe et vice-versa, ça m’a empêché d’être impliqué émotivement parce que je savais qu’un retour du balancier allait s’effectuer.

La trame sonore est très bien choisie, j’ai envie de l’écouter en dehors du film parce qu’elle regroupe plusieurs de mes groupes préférés (Nirvana, Sigur Ros, David Bowie, Mogwai, Neil Young). Le bémol c’est qu’elle est trop placardée dans certaines scènes, ce qui donne l’impression de regarder de courts vidéoclips, mettre une bonne toune et des belles images c’est un moyen efficace pour faire passer des émotions, mais c’est un peu facile.

Je salue l’utilisation audacieuse des flashbacks puisqu’elle est inhabituelle, le montage crée un effet miroir entre le présent et le passé pour illustrer deux émotions différentes dans un contexte similaire (ex. : la balade en voiture père/fils au son brutal de Territorial Pissings vs. le père qui sillonne les ruelles à la recherche de son fils). Cette façon déconstruite de raconter certains segments du récit aurait eu avantage à être plus assumée, parfois c’était confus.

Si vous aimez les histoires vraies, les drames bien sentis avec quelques touches d’humour pour bien faire passer la pilule, c’est un film pour vous. Pour ma part, je suis content d’avoir découvert un réalisateur prometteur, lui qui vient d’être récompensé à Cannes avec le prix du Jury pour son plus récent film Eight mountains.

Maxime Auclair

Caméraman / Monteur